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UNE DIRECTION : LE POSITIVISME 1

X Quelques-uns des mobiles de la résistance.

Si nous avons une postérité; c'est-à-dire si le posi- tivisme refoule la barbarie en faisant la cohésion de toutes les forces d'intelligence, d'ordre et de pro- grès, cette postérité ne comprendra pas la résis- tance butée à Comte et sa doctrine en cet instant tragique où la civilisation se désagrège dans une in- dicible anarchie. Elle ne s'expliquera point ces réti- cences, ces tentatives de déviation, ces divagations malveillantes, ces haines suicides qui se coalisent pour retarder la diffusion de l'idée salvatrice.

Mais un contemporain en discerne plus aisément les mobiles. D'ailleurs, en bref, Comte les avait si- gnalés d'avance : « Quoique la réorganisation intel- lectuelle et morale soit généralement désirée, dit-il, son essor décisif soulève d'activés antipathies parmi ceux qui se sentiraient ainsi forcés de régler leur conduite et d'abaisser leurs prétentions. »

Le positivisme n'est pas une carrière facile. En aucun sens, il n'est un métier. S'il donne beaucoup, il exige d'abord beaucoup de nous, et constamment. Il n'accorde aucune des satisfactions immédiates que poursuivent âprement les petits désirs des pe- tits hommes d'un jour.

De plus, ayant systématisé le bon sens, Comte l'a, pour ainsi parler, accaparé. On ne peut que lui faire écho. Il ne laisse à comprendre que sa pensée qui contient tout. Et c'est trop, pour qui veut seulement