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52 UN MAÎTRE I AUGUSTE COMTE

briller, parvenir. Il y faut des disciples, alors que tous veulent paraître des maîtres, ne serait-ce qu'une heure. Jl y faut l'intelligence et la docilité qui, pré- sentement, semblent incompatibles.

« On ne pardonne guère aux grands génies d'en savoir tant, disait d'Alembert ; on veut bien ap- prendre quelque chose d'eux sur un sujet donné, mais on ne veut pas être obligé à réformer toutes ses idées sur les leurs. » Or, au début de sa carrière, Comte a précisé qu « il s'agit de la plus grande ré- volution qui puisse jamais avoir lieu dans l'espèce humaine ».

L'ampleur d'une telle synthèse rend inaccessible, à la première lecture, l'œuvre de Comte. Or, n'en saisir qu'une partie, c'est la méconnaître ou la dé- naturer. En embrassant l'ensemble, on découvre que dans chaque parcelle est le tout. Et il vaut mieux qu'il en soit ainsi. Peu de cerveaux en pour- raient supporter la coruscalion. Il y faut revenir, s'entraîner...

L'incompréhension effarante des intellectuels qui n'y ont consacré qu'une lecture hâtive et le plus sou- vent partielle nous en avertit. Tout de même, les niaiseries de ceux qui s'y sont appliqués avec achar- nement, mais qui, faute de pouvoir entendre l'es- prit, s'en tiennent à la lettre coranique en réduisant la doctrine vivante à un automatisme verbal ana- logue aux moulins à prière des Thibétains. Certes, étant sincère, leur touchante dévotion n'est pas vaine. Elle démontre, à tout le moins, l'aptitude du positivisme à s'étendre même aux races retardées.

Pour les sciences physiques, on accepte volon- tiers que ce qui est démontrable n'a pas besoin