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UNE DIRECTION : LE POSITIVISME 57

sauvegarda en moi l'essentiel de mon catholicisme quand j'eus la regrettée sottise den renier l'Église et les formes... Si Ton admet que ce grand maître (Auguste Comte) aima son prochain comme lui- même, et que, de cet amour seul..., dérivent ses ten- tatives et sa doctrine, — on y vérifie au bien qu'elles ont fait et au service qu'elles m'ont rendu, que Comte, le positiviste, mais l'homme aimant et de bonne vo- lonté, sert mieux de chemin à la Grâce que les pré- dicants pharisiens, ignorantsou insincères, ironiques ou méfiants... » F. Brunetière était donc dans le vrai, profondément, en invitant les catholiques à utiliser le positivisme.

Comte ne voulait pas détruire ce qui n'est pas remplacé, ce qui n'a pas cessé de vivre et d'être bienfaisant. Ses disciples, à tout le moins ceux qui ne considèrent point que le positivisme dispense d'être intelligents, partagent celte large compré- hension. Et d'autant plus que la religion de l'huma- nité n'a pas encore ses cadres, son sacerdoce, ses institutions, ses temples, et ne sera pas en mesure, avant longtemps, de les avoir.

La croissance sociale, par rapport à notre courte existence, est très lente. Le positivisme religieux exige donc de ses adeptes, présentement, un hé- roïsme spirituel constant. Chacun doit édifier le temple de l'humanité dans son propre cœur et, sans autre abri, affronter la tempête.

Et cela est impossible notamment aux esprits qui ont des dispositions bien moins à étendre les vérités humaines qu'à embellir celles qui sont reçues. En- tendons les poètes et les artistes, et les plus nobles. C'est pourquoi un Ch. dePomairols, qui fut d'abord