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i2 UN MAITRE *. AUGUSTE COMTE

penser, non seulement les théories propres à chaque science, mais encore les croyances religieuses les plus contraires à nos connaissances actuelles, ont représenté, pour .l'époque où elles furent conçues, les moins imparfaites approximations possibles de la réalité des choses. »

Mais il y a aussi le projet de l'avenir. Là surtout, il n'y a de motif supérieur de savoir que « pour prévoir afin de pourvoir ».

A. Comte discernera donc, dans le social, la sta- tique de la dynamique, plus exactement de la ciné- matique, ce qui est modifiable de ce qui ne l'est point. De même que pour la connaissance, il déter- mine les limites de l'action. Des esprits superficiels, incapables de comprendre que cette détermination est le propos de toute philosophie, en ont fait grief à Comte. Il n'y a que la démence qui n'accepte point de bornes. Dira-t-on que celles-ci restreignent trop le champ de la pensée, de l'action et du sentiment? Mais un génie incomparable comme Comte n'a pas eu trop d'un immense labeur ininterrompu (sauf de 1826 à 1828 par la maladie) de quarante ans pour le parcourir. Ceux qui ont l'outrecuidance de cher- cher des voies nouvelles ne peuvent, hors de l'hu- main, que divaguer.

Nous ne pouvons connaître que les rapports con- stants des choses. Pour être efficaces, toutes nos re- cherches doivent porter là seulement. De même, dans le social, nous ne pouvons agir que sur l'in- tensité des phénomènes statiques, « dont l'arrange- ment demeure inaltérable », et l'allure des phéno- mènes cinématiques : voilà la sagesse apaisante, uni- fiante qui nous confère le maximum de lumière et de