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/4 UN MAITRE ! AUGUSTE COMTE

à profiter de la subordination naturelle des phéno- mènes les plus nobles envers les plus grossiers pour instituer Je perfectionnement universel en augmen- tant la consistance des uns et la dignité des autres. » Voilà le style de Comte : il est dénué d'ornements et d'élégance ; mais sur ces cinq lignes on peut méditer pendant des mois.

Ainsi. 1 Tordre le plus noble dépend du plus grossier : c'est la loi la plus universelle ; 2° la soli- darité se subordonne à la continuité : c'est la loi so- ciologique la plus générale. « Toute la synthèse dogmatique, conclut Comte, est essentiellement ré- ductible au simple développement de ces deux prin- cipes corrélatifs. » Cette assise inébranlable nous préservera dorénavant « des divagations analyti- ques », et, là-dessus, nous pourrons construire.

Ou plutôt a conserver pour améliorer », car il ne faut pas oublier que « l'ordre artificiel consiste tou- jours à consolider et améliorer l'ordre naturel ».

La sociologie substitue le point de vue social au point de vue individuel. A la notion métaphysique de droit, virulent ferment de toutes les convoitises, de toutes les haines de l'envie, fomentatrice de tous les conflits, succède désormais la notion paci- fiante et unifiante, positive, de devoir.

Nous naissons chargés d'obligations de toute espèce, envers nos prédécesseurs, nos successeurs et nos contemporains, dit Comte. Elles ne font en- suite que se développer ou s'accumuler, avant que nous puissions rendre aucun service. Sur quel fon- dement humain pourrait donc s'asseoir l'idée de droit qui supposerait raisonnablement une efficacité préalable ? Quels que puissent être nos efforts, la