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UNE DIRECTION : LE POSITIVISME 75

plus longue vie bien employée ne nous permettra jamais de rendre qu'une portion imperceptible de ce que nous avons reçu. Ce ne serait pourtant qu'après une restitution complète que nous serions digne- ment autorisés à réclamer la réciprocité de nouveaux services. Tout droit humain est donc absurde autant qu'immoral. »

Le « droit » est aussi « immoral et anarchique » en politique que la « cause » est irrationnelle et so- phistique « en philosophie ». « Chacun a des devoirs, et envers tous, mais personne n'a aucun droit pro- prement dit. Les justes garanties individuelles ré- sultent seulement de cette universelle réciprocité d'obligations qui reproduit l'équivalent moral des droits antérieurs sans offrir leurs graves dangers politiques. En d'autres termes, nul ne possède plus d'autre droit que celui de toujours faire son de- voir. »

Ainsi la principale démarche de la politique posi- tive consiste à substituer partout des devoirs aux droits, comme celle de la philosophie est de substi- tuer les lois aux causes, « d'après l'élimination radi- cale des volontés arbitraires, afin que le relatif remplace l'absolu ». Et dans une lettre à Pierre Laf- fitte, Comte donnait cette définition positive du de- voir : « l'accomplissement d'une fonction par un organe libre et intelligent ».

Sous le régime positif, « tout digne citoyen de- vient donc un fonctionnaire social, exerçant à la l'ois un office spécial et une sage participation à l'éco- nomie générale. Confiance et responsabilité consti- tuent toujours la double condition du service humain, où l'indépendance et le concours se conci-