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80 un maître : AUGUSTE comte

noraènes, qui s'excluent mutuellement. La première est le point de départ nécessaire de l'intelligence humaine, la troisième son état fixe et définitif, la seconde est uniquement destinée à servir de transi- tion. »

Les trois états sont dénommés aussi : fictif, abs- trait, scientifique, et le premier comporte trois stades : fétichisme, polythéisme, monothéisme.

L'évolution des concepts conditionnant la marche de l'humanité, c'est la loi fondamentale de la dyna~ mique sociale. Elle a été violemment attaquée. Elle l'est de moins en moins, et par des objections sans valeur philosophique. La plus sérieuse est celle que Huxley et Renouvier ont émise et que vient de re- prendre pour son compte, croyant l'avoir découverte au fond de ses cornues, un éminent chimiste, c'est- à-dire un piètre philosophe, M. G. Urbain: « Je suppose, déclare-t-il en toute ingénuité, que le sau- vage, qui pouvait traverser la rivière à pied sec lorsqu'elle était gelée, se rendait compte qu'un froid vif conditionnait le phénomène. S'il est certain qu'il rapportait le froid à quelque idée théologique, il est probable qu'il rapportait au froid la congélation de la rivière, et n'était pas ainsi complètement dé- pourvu d'idées positives. Les idées théologiques, métaphysiques et positives se sont superposées de tout temps dans l'esprit des hommes. »

Mais Comte n'a jamais dit le contraire — qui est absurde. Il sait si bien que les trois états coexistent et coexisteront toujours qu'il incorpore le fétichisme même à la religion positive. La loi des trois états désigne seulement la prédominance des méthodes c\ (l<'s directions dans chacune des disciplines suc-