Page:Deherme - L’Idéologie délétère.djvu/12

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espoir. Il n’en reste pas moins que les risques furent énormes et qu’il eût été préférable de ne les pas courir. Le miracle ne saurait être un régime.

La continuité fut rompue. Très inconsidérément, nous secouâmes « le noble joug du passé ». La métaphysique prétendit à formuler l’absolu par le raisonnement mieux que la naïve foi théologique. Elle ne parvint qu’à divaguer éperdument, à désespérer ou à dégrader les âmes naïves qui avaient besoin de l’au-delà pour se maintenir, à donner l’habitude du sophisme, à couvrir l’obscurcissement de l’intelligence, la vilenie des instincts par de vagues abstractions et l’emphase des mots-entités.

« Droit », « Justice », Liberté », « Égalité ». « Souveraineté du peuple », et tant d’autres idoles sonores débridèrent tous les appétits, favorisèrent toutes les séditions et permirent à la raison individuelle, se proclamant infaillible, de tout imaginer à la conscience, affirmant sa prépotence, de tout excuser.

Là-dessus, courtisant le succès, surgit la gendeletterie qui, en prose et en vers, fit du cœur le despote du cerveau, ce qui était, sinon les atrophier, du moins les détraquer et les dépraver réciproquement.

Dès lors, les mots et les mots tinrent lieu de tout. L’histrion triompha. Le parlementarisme aboutit à la logocratie. Toute pensée et tout sentiment réels furent submergés sous tant de palabres et de littérature.

En fait, chacun ne suivit plus que ses inclinations