Page:Deherme - L’Idéologie délétère.djvu/21

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« Il peut sembler naturel à l’esprit des Occidentaux de contempler avec un sentiment de triomphe sans ombre ce monde d’aujourd’hui, dans lequel l’organisation fait de la société une immense machine, pourvoyant elle-même à ses besoins. C’est le développement rapide des inventions mécaniques qui a créé l’ère présenté, celle de la locomotion et de la spéculation, et ce développement se manifeste sous diverses formes de commercialisme et d’industrialisme, accompagnées d’une tendance vers l’occidentalisation universelle de l’étiquette et du langage…

« Pour les Occidentaux, tout cela peut être une raison de réjouissance et il peut leur paraître inconcevable que d’autres en jugent différemment. Et pourtant, la Chine, avec sa douce ironie, considère « la machine » comme un instrument, non comme un idéal. L’Orient vénérable fait encore la distinction entre les moyens et les fins. L’Occident est favorable au progrès, mais où tend le progrès ? Lorsque l’organisation matérielle sera complète, quel but, demande l’Asie, aurez vous atteint ? Alors que l’amour de la fraternité aura atteint son sommet dans la coopération universelle, quelle cause sert-il ? Si c’est l’intérêt personnel, où trouvons-nous le progrès tant vanté ?

« Le tableau de la gloire occidentale a malheureusement un revers. La dimension seule ne constitue pas la vraie grandeur, et le plaisir du luxe ne mène pas toujours au raffinement. Les individus qui coopèrent à la fabrication, de la grande machine de la soi-disant civilisation moderne deviennent les esclaves d’une habitude