Page:Deherme - L’Idéologie délétère.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« droit » aux mêmes abus, multipliés, aggravés, qu’on réclame.

Reconnaissons-le. Le prolétariat est aussi dévot de la même superstition, il encense la même déité.

Comme il n’y a que le profit, le dividende qui intéressent le capitaliste, il n’y a plus que le salaire, son taux nominal, qui passionne l’ouvrier. Le même spectre de néant les hallucine. Et c’est la même ombre décevante qu’ils se disputent.

N’ayons pas la naïveté de leur demander si ce qu’ils en peuvent saisir leur fait une vie plus digne, une pensée plus haute, s’ils en ont plus de joie. Ce sont là des réalités que ne sait plus, que ne peut plus même exprimer notre redondante démocratie. Voyons seulement s’ils ont plus de bien-être, s’ils ont celui qu’ils pourraient obtenir, s’ils sont plus riches vraiment.

Mais ne nous laissons pas fasciner par le rutilant étalage d’un luxe d’apparat, les automobiles, les cabarets, les spectacles, les grands magasins, la bousculade des rues…

En fait, il n’y a plus d’épargne sociale, le capital s’éparpille et se dépense, la production et la consommation ne sont plus en rapports. La fabrication d’innombrables articles de bazar, sans utilité, pour le seul gain, en vue de la vente, est un gaspillage de matières premières, de travail et d’âme. La profusion de la monnaie fiduciaire, dont le chiffre total, pour la France, dépassa, en 1918, 30 milliards, a accru considérablement la consommation en paralysant la production. D’autre part, la guerre a détruit le