Page:Deherme - L’Idéologie délétère.djvu/29

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d’État — si commodes pour les irresponsables que sont nos dirigeants de passage — ne répandent trop les titres de consommation alors que les produits manqueront, que la disette alimentaire menacera.

Par tous les moyens, il faudrait suggérer l’épargne, et non pas d’argent ou de luxe, mais de pain, de viande, d’objets de première nécessité, de temps ; il faudrait engager au travail vraiment productif, et par le seul stimulant efficace le besoin ressenti personnellement, directement. Or, en distribuant inconsidérément la manne monétaire, comme le promettent à qui mieux mieux journalistes, politiciens et partisans, on va pousser à la dépense, cependant que la production sera paralysée de toutes façons, le capital dispersé et donc volatilisé. Nous ne verrons plus alors que des mercantis cherchant à vendre et des affamés cherchant à acheter ce que personne ne s’avisera de produire. Nous passons sur les conséquences anarchiques et démoralisatrices de ces libéralités faciles : il y aurait trop à dire.

Mais, objectera-t-on, « il est légitime », « il est équitable »… Oui, comme il serait juste que le bossu ne le fût pas, que l’aveugle vît clair, que le malade fût en bonne santé et que tous nous fussions immortels. Si nos braves soldats ont un « droit », après d’aussi longues souffrances et tant d’héroïsme, c’est qu’on ne les berne point, c’est qu’on ne les étourdisse plus. Ceux qui ont bravé la mort journellement, durant des mois, peuvent affronter la froide réalité. Pour eux surtout, pas de démagogie, même pour les meilleurs