Page:Deherme - La Crise Sociale.djvu/16

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Que des fous revendiquent la libre manœuvre, — cela viendra, — et il n’y aura plus de liberté pour l’ensemble. Chaque navire gênera les autres. Tout se heurtera. L’anarchie suscitera la tyrannie générale réciproque. Il n’y aura plus qu’à rester en place et à se garer. Et c’est ce que des lois dites protectrices ne tarderont pas à imposer.

La société française en est à peu près là.

L’anarchie est profonde, en effet. Elle est dans les cœurs, elle est dans les esprits, elle est dans les institutions. Si les choses vont tout de même, comme nous voyons qu’elles vont, c’est que les instincts, la logique, le mécanisme qui se sont formés, au cours des siècles de foi et d’ordre, par un lent travail d’organisation, ont encore assez de force pour proroger la vie du monstre.

Si toutes les absurdités et les aberrations s’expriment dans le total, ce serait d’une médiocre psychologie de ne pas reconnaître, même chez les individus les plus dissociés, des sentiments organiques qui résistent encore à la dissociation complète.

Quoi de plus curieux, par exemple, que de voir un ministre, poussé au pouvoir au moyen de la plus abjecte démagogie, se faire le défenseur de la hiérarchie et de l’ordre ?

Imposture, pensera-t-on. — Moins qu’on ne le pourrait croire.

Ainsi, dernièrement, nous écoutions le babillage philosophique d’une femme fort intelligente, qui a su mettre assez de logique dans son activité économique pour se créer une situation artistique enviable,