Page:Deherme - La Crise Sociale.djvu/29

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cette formule naïve : aller au peuple. Elle n’en exprime pas moins la seule attitude qui convienne désormais à ceux qui acceptent le rude devoir d’agir socialement. Et ce sont tous ceux qui voient nettement, parce qu’ils ont des yeux, où nous mènent le scepticisme des dilettantes, les profondes malices des politiciens de tout acabit, les colères ignorantes des gueux qui menacent et les peurs aveugles des dirigeants qui vont tenter de réprimer férocement l’émeute…

Vraiment, nous sommes à une heure où la politique la plus savante est l’enthousiasme.

Ne nous refusons donc pas à être ridicules : allons au peuple.

Mais comment ?

Il y a quelques années, hier, des intellectuels très diplômés, généreusement, — du moins en bavardages et en nuées, — y allèrent avec fracas. On s’attendait à une régénération de la démocratie. Hélas ! la démocratie ne se put rénover par des mots.

D’ailleurs, ces intellectuels, dont on peut admettre que quelques-uns étaient intelligents, manquaient de caractère. Au premier contact avec la foule, au lieu de faire uniment leur devoir d’éducateurs, on vit, non les moins notoires d’entre eux, se mêler au pugilat électoral, avec plus d’âpreté et d’adresse que de dignité. Il en est même qui triomphèrent des politiciens les plus retors.

Il n’y eut que quelques agents de la dissolution française déplacés. L’œuvre de corruption et d’exploitation ne fut pas arrêtée, ni même ralentie.