Page:Deherme - Le Pouvoir social des femmes.djvu/11

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néant de leur existence d’apparat, ce n’est pas à plus de conscience qu’ils aspirent pour se libérer, mais à s’étourdir plus encore pour s’oublier mieux. Ainsi les toxicomanes sont poussés à augmenter leur dose, ainsi s’entretient et s’accroît par elle-même la démence occidentale.

Les aveugles de bonne volonté, d’ailleurs, ne sont pas les moins redoutables.

Contre l’erreur, logiquement, ils s’enfoncent plus encore dans l’erreur. Contre le mal, nécessairement, ils s’enfoncent plus encore dans le mal. Tout l’empirisme législatif consiste à pallier les effets de l’anarchie en aggravant les causes.

Tout le féminisme aussi est là.

Les forces matérielles déréglées, sans contrepoids moral, écrasent les femmes. L’effort civilisateur, ce qui constitue le progrès, fut — par la femme surtout — de contenir ces forces en les subordonnant de plus en plus à la pensée et au sentiment. Le féminisme se contenterait de participer à la brutalité que notre anarchie a fait réapparaître. Par là il consacre, il généralise la suprématie absolue de l’argent, du nombre, de la loi, — c’est-à-dire de la corruption, de la violence et de la fourberie. On le demande : En quoi le régime de la brutalité économique, politique et morale, voire physique, peut-il être favorable à l’être de pureté, d’intimité et de tendresse qu’est la femme ?

Heureusement, la plupart des femmes et des prolétaires ont encore dans le cœur, sinon dans la tête, des parties non contaminées. C’est de là que peut venir le salut.