Page:Deherme - Le Pouvoir social des femmes.djvu/25

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vaient aboutir nécessairement au plus lamentable échec.

Si, néanmoins, l’espéranto et l’ido résistent plus longtemps que le volapück, c’est que, comme la plupart des folies actuelles, ces deux entreprises ont été commercialisées. Cependant que la maison Hachette s’assurait le monopole de l’édition des ouvrages du docteur Zamenhof et des principales publications esperantistes, la maison Delagrave s’attachait congrûment à la fortune de l’ido. Toutes choses égales, c’est à peu près dans les mêmes conditions que notre République parlementaire se maintient. Question de boutique. Et si l’une ou l’autre de ces deux langues paraissait devoir réussir et, par là, devenait une trop bonne affaire, nous verrions aussitôt une autre maison de librairie favoriser un troisième système. Dans le désordre, c’est toujours l’argent qui devient capitaine.

D’ailleurs, si le « miracle » social qu’attendent les partisans des langues artificielles se produisait, on ne tarderait pas à le déplorer.

Dans l’anarchie intellectuelle présente, il y aurait certainement beaucoup plus d’inconvénients que d’avantages — surtout pour la paix du monde — à ce que les communications fussent facilitées. Quand on ne s’entend sur aucun principe fixe, il est préférable de ne pas prendre contact et de ne pas se parler.

Si la pire sottise, dans cet ordre d’idées, n’était celle que Victor Hugo avança en soutenant que chaque école ouverte fermerait une prison, ce se-