Page:Deherme - Le Pouvoir social des femmes.djvu/56

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une intelligence aussi chétive que mal informée. Auguste Comte avait adressé au Père Bex un exemplaire du Catéchisme positiviste avec sa dédicace. Cet exemplaire, paraît-il, ne fut même pas ouvert par le destinataire. Le Père Bex était donc un type dans le genre de M. Pierre Loti : il ne lisait pas. C’est plutôt fâcheux.

L’Ordre des Jésuites a toujours compté des hommes éminents à tous égards. Aujourd’hui, ces hommes d’élite n’ignorent plus ce qu’est le positivisme et ce que vaut sa pensée reconstitutive. En théologistes convaincus, ils peuvent déplorer notre incroyance irréductible. En défenseurs de l’Eglise, en politiques avisés, ils savent quel appui les vrais disciples de Comte peuvent leur apporter du dehors. Voici d’ailleurs les paroles que le représentant de Comte prononça en quittant la maison des Jésuites à Rome. Elles vaudraient d’être transcrites en lettres d’or :

« Quand les orages politiques de l’avenir manifesteront toute l’intensité de la crise moderne, vous trouverez les jeunes positivistes prêts à se faire tuer pour vous, comme vous êtes prêts à vous faire massacrer pour votre Dieu. »

Dans toute l’histoire des religions, il n’est pas de plus belle page que celle-là. Et seul le positivisme pouvait l’écrire. « Nous pouvons rendre bonne et pleine justice à tous nos adversaires, disait A. Comte dans une lettre à Stuart Mill, et ils ne peuvent aucunement nous le rendre sans renoncer à leurs vains principes. »