Il y eut un moment de silence, pendant lequel Olimpia, selon l’usage du pays, baisa respectueusement l’une des mains d’Innocent, tandis que de l’autre le pontife arrêtait quelques larmes prêtes à s’échapper de ses yeux.
« Que désirez-vous, Olimpia ? dit enfin Pamphile d’un ton de voix altérée.
D’abord de ne point essuyer de refus, répondit sa belle-sœur avec cet accent de mutinerie gracieuse et enfantine dont les femmes, si loin de la jeunesse qu’elles soient, ne cessent jamais de faire usage tant qu’elles conservent un reste d’agrément.
— C’est tout naturel ; mais après ? »
Olimpia se tournant vers la table, chercha dans la liasse un papier que le pape s’apprêtait à prendre, mais qu’elle retint en disant : « Vous ne lirez ma requête que quand vous m’aurez promis d’y faire droit et de l’approuver.
— Ah ! cela est un peu fort !
— Eh bien, dit la postulante, qui remit en souriant le papier sur la liasse, n’en parlons plus.
— Allons, donnez-moi donc ce papier.
— Pas du tout.
— Mais c’est un enfantillage.
— Comme il vous plaira de l’entendre, mais je veux que vous mettiez entière confiance en moi, sans cela je ne vous dirai rien ; promettez-moi d’exécuter ce que je demande, et vous saurez de quoi il s’agit.
— Mais c’est une plaisanterie que vous faites ?
— Pas le moins du monde.
— En vérité, je ne vous ai jamais vue si déraisonnable qu’aujourd’hui.
— Et moi, si peu gracieux que vous l’êtes ce soir. »
En disant ces mots, plutôt en affectant la légèreté qu’avec sécheresse, Olimpia regarda sa montre. « Il est tard, dit-elle ; alors elle alla prendre sa mantille, la jeta près des papiers qu’elle remit en ordre afin de les rouler, et acheva bientôt tous ses apprêts pour se retirer.
Innocent se sentait mal à l’aise, partagé comme il l’était