que l’on se tient au temple, et que, lorsque les personnes qui nous font l’honneur de descendre chez nous ont l’intention de rester chez elles, nous nous faisons un devoir de les prévenir que tous les serviteurs de la maison, sans exception, se rendant avec moi et ma femme au temple, l’hôtellerie est entièrement fermée pendant trois heures. »
Le ton solennel que venait de prendre l’aubergiste pour signifier à l’abbé Segni et à M. de Beauvoir qu’il allait les mettre sous clef pendant une partie du jour, leur donna une envie de rire que la prudence leur fit cependant comprimer. Toutefois leur esprit flottait dans l’indécision sur le parti qu’ils avaient à prendre, lorsque le brave calviniste leur fit une nouvelle proposition relative à l’emploi de leur matinée. « Attentifs à prévoir tout ce qui peut agréer aux voyageurs, reprit bientôt l’hôtelier, et regardant surtout comme un devoir de fournir la manne céleste à leur âme, nous avons au temple un banc réservé pour notre famille, dont nous nous empressons d’offrir une partie aux étrangers qui veulent bien s’arrêter chez nous. »
Cela dit, l’hôtelier genevois s’inclina devant les étrangers et resta dans cette position en attendant leur réponse.
De Beauvoir, qui ne voulut pas parler le premier, regarda l’abbé Segni, dans l’espérance de lire dans ses regards la résolution qu’il allait prendre ; mais l’Italien ne le laissa pas longtemps dans l’indécision, car s’étant levé : « Monsieur, dit-il à l’aubergiste, nous vous remercions de votre politesse et nous l’acceptons. Si vous voulez vous retirer, nous allons mettre nos manteaux, et nous vous rejoindrons à l’instant. » L’hôte sortit.
« Y pensez-vous ? s’écria de Beauvoir, sitôt que le Genevois fut hors de la chambre ; eh quoi ! vous pourrez vous décider à assister à ce conciliabule de démons ?... Vous me permettrez de ne pas vous y suivre.
— Mon intention n’est même pas de vous y engager, si votre répugnance est insurmontable. Quant à moi, malgré tout le dégoût que ces cérémonies sacrilèges m’inspirent, il faut que j’y assiste, que je les voie... c’est un triste devoir ; mais, je vous l’ai dit, il m’est imposé, et si vous m’avez vu