de ce qu’il voulait faire, pour en tracer une idée bien arrêtée. Il se décida donc à répondre dans l’ordre inverse aux demandes qui lui avaient été adressées. — Je ne saurais vous dissimuler, ma chère cousine, dit-il enfin, après avoir un peu réfléchi pour ordonner ses idées, que j’ai à me plaindre de la conduite que vous avez tenue envers moi depuis quatre ans, puisque vous aviez l’intention de...
— Allons, parlez donc hardiment ; de me marier, n’est-ce pas ?
— Eh bien, oui, mademoiselle, c’est une chose affreuse, abominable, horrible de votre part, de m’avoir témoigné une confiance, j’ose le dire, comme si j’eusse été plus âgé que vous, et de me traiter, au moment où vous m’annoncez froidement votre mariage, avec aussi peu de ménagements que si je n’avais que douze ans.
— Eh bien, après ?
— Après ? Eh bien, je suis furieux, désespéré, et je vous le répète, je veux partir à l’instant, parce que je ne suis nullement disposé à prendre le rôle que vous prétendez me faire jouer.
— Allons, Ernest, je suis contente de vous. Je sais au moins les griefs que vous avez contre moi, et j’avoue que j’ai eu grand tort, si par distraction, ou par une bienveillance dont vous me faites aujourd’hui un crime, je n’ai pas mis avec vous une réserve dont, je le vois à présent, une femme a toujours tort de s’écarter. C’est une leçon dont je profiterai. Mais ayez la complaisance de me dire à présent quels étaient vos projets.
— Mes projets ?... ils étaient subordonnés à vos intentions... à vos projets eux-mêmes. Vingt fois vous m’avez dit que vous ne sentiez aucune inclination pour le mariage ; plusieurs partis avantageux se sont offerts et vous les avez refusés ; je vous vois dans la maison de votre père, veuf et peu actif de sa nature, la personne indispensable pour régir à la fois les affaires du dehors et du dedans ; j’en ai conclu que ce genre de vie vous convient ; que vous renonceriez difficilement à une existence agréable, sûre, qui exerce utilement et honorablement toutes vos facultés, et enfin qui vous donne