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même les restes de cette personne adorée. Il visita soigneusement la bière, fit creuser la fosse sous ses yeux, et régla tout le cérémonial des obsèques. À le voir si actif, si fertile en inventions, si attentif et si soigneux dans le choix des ornements destinés aux funérailles, on l’eût pris pour un jeune et futur époux désirant que rien ne manque à la pompe de ses noces. Et, en effet, dans cette mort si funeste, dans les apprêts de cette cérémonie si terrible, il était impossible à Edmond de ne pas voir un rapprochement de son âme avec celle de la défunte, un mariage céleste enfin qui devait l’unir à elle éternellement.

Pendant toute la durée de cette triste et longue cérémonie, ce sentiment non-seulement se maintint, mais augmenta de force dans l’âme du jeune homme. Au convoi, lorsqu’il suivit le corps de sa fiancée céleste, quand il vit la bière couverte d’un drap blanc et portée par les mêmes jeunes filles qui, trois jours avant, accompagnaient Louise vivante jusqu’à la table sainte, il montra un front non pas radieux, mais serein. Involontairement il portait ses yeux du cercueil au ciel, et du ciel sur la foule qui l’environnait. Quelque chose de grave, de saintement joyeux, était répandu sur toute sa physionomie, et, au milieu de tous les assistants en pleurs et marchant la tête baissée, Edmond était le seul dont le maintien fût exempt de contrainte, dont le regard brillât de la lumière de l’espérance. Même au bord de la fosse, quand il jeta de l’eau bénite sur le corps, lorsque le bruit sourd du cercueil s’étouffa à mesure qu’on le couvrait de terre, l’attitude de cet infortuné jeune homme conserva un calme imposant.

Mais la stupeur douloureuse qui régnait ne permit pas à la foule d’observer cette expression singulière. Ceux par qui elle fut remarquée en attribuèrent uniquement la cause à la résignation et à la piété si connue de M. de Lébis. Mais, bien que ce sentiment entrât pour beaucoup dans sa conduite extérieure en ce moment, personne ne se douta cependant que ce jeune homme assistait mentalement à un mariage spirituel, dont le souvenir devait laisser des traces ineffaçables dans son âme, et influer sur le reste de sa destinée.