— Non, ayez confiance en moi, et soyez certain que je vous ferai obtenir tout ce qui dépendra de moi.
— Eh bien ! je vais voir à l’instant, continua-t-il avec gravité, si je puis compter sur vous. Voyez-vous ce lac ? (En parlant ainsi, il montrait à travers les vitres la petite rivière du Derwent qui coule à quelque distance de la maison.) Je meurs d’envie de faire une promenade sur le lac… Allons sur le lac ! Mes geôliers s’y opposent, mais vous, vous me conduirez sur le lac !… Eh bien !… vous me refusez ?…
— Non, répondis-je enfin, après avoir réfléchi aux suites de ma promesse, et je vais tout préparer pour vous satisfaire.
Il me tendit la main, secoua la mienne avec force en disant : « Je vous attends. »
Je donnai les détails de cette entrevue aux personnes qui prenaient soin du malade. Puis le jeune Anglais et moi nous sortîmes pour aller nous assurer de deux barques. L’erreur qui faisait prendre à Michel le Derwent pour un lac me donnait bien quelque inquiétude ; aussi convînmes-nous que, pendant que je serais avec lui dans un bateau, il y en aurait un autre derrière à peu de distance, afin que l’on pût me prêter secours en cas de besoin.
Ces préparatifs achevés, j’allai chercher Michel, qui, debout, le chapeau sur la tête, et son miroir suspendu à son côté, attendait mon retour avec impatience. Il prit mon bras, se mit en marche d’une manière alerte, et monta même assez lestement dans le bateau avec moi. Le rameur, qui était Anglais, avait reçu l’ordre de ne pas proférer une seule parole, afin de ne pas irriter le malade, auquel j’avais eu soin de dire que notre pilote était muet, ce qui l’avait singulièrement réjoui. Notre promenade commença.
Or, il est à propos de savoir que le Derwent est une petite rivière qui n’a pas toujours six toises de large aux environs de Matlock, et que ses bords encaissés dans des roches assez élevées sont couverts d’arbres qui s’avancent tellement quelquefois sur l’eau que leurs branches touchent aux bateaux des promeneurs. Cette espèce de navigation au milieu d’une forêt était loin de donner l’idée d’un lac, et je tremblais dans la crainte que mon pauvre Michel ne m’accu-