Page:Delabrousse - Jules Grévy, 1882.djvu/22

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pas, il ne sera ni reconnu ni respecté. » À ces mots, l’Assemblée tout entière se lève. La gauche acclame l’orateur, la droite proteste et crie que c’est un appel à l’insurrection. M. Buffet, qui préside, intervient et échange quelques paroles à voix basse avec l’orateur. Le tumulte s’apaise lentement. M. Grévy, qui avait laissé passer l’orage, continue en ces termes : « Vous ne pouvez vous méprendre sur le sens de mes paroles, ni M. le président non plus ; je ne fais appel ni à la résistance, ni à la révolte. » Les exclamations et protestations de la droite reprennent de plus belle ; mais M. Jules Grévy : « C’est une interprétation misérable, dit-il, qui n’est digne ni de vous ni de moi. » Et il ajoute : « Je fais appel aux pouvoirs publics qui vous succéderont et qui auront pour vos décisions le respect que le sentiment du droit leur inspirera. » La majorité était subjuguée. Elle laissa passer sans protestation nouvelle ces paroles qui infirmaient d’avance la portée du vote qu’elle allait rendre.

C’était un saisissant spectacle, que n’oublieront jamais ceux qui y ont assisté. La discussion durait depuis deux jours, et, pour finir, l’Assemblée avait décidé qu’il y aurait une séance