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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

bien ces soirées et aussi beaucoup Leblond, c’est un bon ami.

— J’ai été en soirée chez Perpignan[1], samedi dernier. Thé à l’anglaise, punch, glaces, etc., jolies femmes…

— Je travaille à mes sauvages. Demain mercredi, j’ai Émilie.

Mardi 30 décembre. — Aujourd’hui avec Pierret : j’avais rendez-vous aux Amis des arts, pour aller voir une galerie de tableaux, presque tous italiens, parmi lesquels est le Marcus Sextus de M. Guérin ; nous nous sommes attardés, pensant n’avoir que ce seul tableau à voir, et que nous trouverions ces vieux tableaux à l’ordinaire. Au contraire, peu de tableaux, mais supérieurement choisis, et par-dessus tout un carton de Michel-Ange… O sublime

    l’Artiste, et nous en détachons le passage suivant : « Ceux qui n’ont connu Eugène Delacroix que par ses grands travaux ne peuvent l’apprécier qu’à moitié. Il fallait vivre dans son intimité pour savoir les trésors de son cœur et de son esprit… C’est cette nature, si forte, si riche, et en même temps si simple et si naïve, qui a fait de lui l’homme le plus honnête, l’esprit le plus charmant, le cœur le plus généreux. Tu n’as pas oublié qu’en 1848 (nous n’étions pas riches alors), Delacroix, après avoir dîné gaiement avec nous, voulait nous forcer à prendre la moitié de son dernier billet de mille francs : « Qu’est-ce que cela en face de la Révolution et de l’éternité ? » (L’Artiste, 1864, p. 121.)

  1. Camarade d’atelier de Delacroix. Dans sa correspondance, Delacroix le traite assez rudement. À Soulier il écrit en 1821, lui reprochant de ne pas lui envoyer d’aquarelles de Florence où il se trouvait alors : « Vous en promettez, vous en annoncez à Perpignan, qui n’est qu’un profane, qu’un Welche en peinture », et dans une autre lettre au même Soulier, il écrit : « Ce Perpignan, il faut le confesser, est un grand vandale et un homme sans cérémonie. » (Corresp., t. I, p. 71 et 80.)