296 ASTRONOMIE MODERNE. reste donc infiniment probable qu’Aristarque et tous ceux qui ont fait mouvoir la Terre, avant Copernic, n’ont eu que des idées vagues, et rien d’arrêté ou qui méritât quelque attention.
Il répète que Copernic a lui-même indiqué le système d’Apollonius, et qu’il l’avait trouvé dans Martianus Capella. Qu’enfin, Hélisœus Roslin a pillé Apollonius ou Tycho et s’est déclaré l’auteur de cette découverte. Tout cela peut être, et plus d’une fois nous avons témoigné notre sur- prise qu’une chose si facile ait échappé à l’attention de ceux qui avaient tant de répugnauce à croire au mouvement de la Terre.
Voici l’un des passages de Copernic, liv. III, chap. xxv.
« Nous n’ignorons pas que si l’on plaçait la Terre immobile au centre » du monde et de la révolution annuelle, et qu’on donnât au Soleil » mobile les deux mouvemens que nous donnons au centre de l’excen- » trique, on aurait les mêmes phénomènes et les mêmes nombres pour » les calculer; il ne resterait à la Terre que le mouvement diurne autour » de son axe; on resterait dans le doute sur le vrai centre du monde, » on ne saurait s’il est dans le Soleil ou hors du Soleil. Nous en dirons » davantage à l’article des planètes. »
On ne voit là ni le système de Tycho, ni celui de Plolémée tout pur ; on ne voit pas quel est le centre des mouvemens planétaires. Ursus ne prouve pas mieux, qu’Apollonius ait eu la même idée que Tycho; voici ce qui regarde Apollonius.
« Ce sujet a été traité par plusieurs mathématiciens, et notamment par » Apollonius; mais ce dernier ne considérait qu’une seule inégalité, et » celle par laquelle les planètes se meuvent relativement au Soleil mobile, » et que nous appelons commutation, à cause du mouvement du grand » orbe de la Terre. » Et plus loin, « Pour ces démonstrations, Apol- » lonius pose un petit lerame, dont nous ferons le même usage pour la » Terre mobile. »
Ce mouvement de commutation est le mouvement relatif de la planète sur son épicycle, dans le système de Ptolémée. Je ne puis rien y voir qui suppose l’idée de Tycho, qui fait tourner le Soleil et son cortège de planètes autour de la Terre. Si Apollonius en était le premier auteur, Ursus n’aurait rien inventé non plus que Tycho; mais Ursus, qui se défie de ses droits, veut du moins dépouiller Tycho, par esprit de ven- geance. Au reste, l’idée n’était ni assez bonne , ni assez difficile à trouver, pour justifier ni l’aigreur de Tycho, ni les invectives dont les deux conlendans se montrent si prodigues. Ursus n’est guère moins irrité