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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

700 pages d’explications, que peu de personnes sans doute ont eu le courage de lire, et que personne ne lira plus désormais. Nous en avons eu la patience, et l’auteur ne donnant aucun théorème, nous avons eu à examiner les 285 exemples numériques qu’il a calculés sur le même triangle. Nous y avons trouvé la preuve que Rhéticus possédait les six théorèmes des triangles rectangles. Quatre seulement étaient connus des Grecs ; le cinquième avait été trouvé par Géber ; le sixième est la propriété incontestable de Rhéticus, et Victe le trouva aussi quelques années plus tard, mais avant la publication de l’Opus Palatinum. Nous avons acquis la certitude que Rhéticus n’en connaissait pas un de plus, et ce septième est sans doute impossible, puisqu’il n’a pu résulter de tant de combinaisons différentes auxquelles Rhéticus s’était livré.

Ce serait donc rendre un véritable service à l’ouvrage que de le délivrer de cette superfétation de 700 pages inintelligibles, qui le rendent si incommode. Nous en avons extrait la substance, nous avons donné l’esprit des méthodes, et notre extrait ne remplit pas trois pages.

Les sinus à 15 décimales ont été retrouvés après la mort de Rhéticus et celle d’Othon, et ils ont été attribués à Pitiscus, qui n’a eu d’autre mérite que de les publier et de s’en servir pour corriger les tangentes et les sécantes de ses derniers degrés, qui se trouvèrent défectueuses, probablement parce qu’elles n’avaient pas été calculées par Rhéticus lui-même, mais par son élève, lequel paraît d’ailleurs n’avoir été qu’un calculateur très médiocre.

Ces Tables de Rhéticus doivent être considérées comme un ouvrage fondamental, puisqu’elles ont servi à Vlacq pour calculer ses grandes Tables logarithmiques à dix décimales, dont Gardiner et Callet n’ont donné que des abrégés ; c’est donc à Rhéticus que l’on a la première obligation de toutes les tables trigonométriques usitées aujourd’hui, et qu’on a multipliées sous tant de formes différentes ; nous avons dû considérer cet auteur comme un homme du premier ordre en son genre, et montrer à sa suite tous ses éditeurs, abréviateurs ou commentateurs, tels que Pitiscus, Clavius, Adrien Romain, Torporley et même Lansberg, dont les tables estimées de Képler n’ont paru que 15 ans après l’Opus Palatinum, et l’année même où Pitiscus venait de faire imprimer ses corrections pour les six derniers degrés. Lansberge était d’ailleurs un astronome laborieux, à qui l’on a justement reproché de s’être trop vanté lui-même, ce qui était un petit mal, et le tort plus réel d’avoir falsifié des observations pour les faire mieux cadrer avec ses tables, dont