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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

il voulait établir la supériorité sur toutes celles qui avaient paru jusqu’alors.

Snellius, qui vient ensuite, ne fut pas un simple éditeur ; on lui doit quelques théorèmes curieux de Trigonométrie, et le théorème célèbre de la réfraction, attribué longtemps après à Descartes, qui l’a peut-être aussi trouvé de lui-même. Enfin Snellius est le premier auteur, non d’une mesure exacte d’un degré du méridien, mais d’une mesure exécutée sur les principes que l’on suit encore aujourd’hui. Pour donner une longueur suffisante au livre qui porte son nom, nous lui avons adjoint Vernier, qu’on peut aussi considérer comme le bienfaiteur de l’Astronomie, à cause de l’invention si commode, si simple et si ingénieuse qui porte son nom, et qu’inutilement on a voulu lui disputer.

Briggs, à plus d’un titre, aurait mérité un article à part, comme l’un des deux inventeurs, et comme le véritable créateur du système de logarithmes qui a remplacé celui de Néper. Il est encore auteur de tables trigonométriques de tout genre, qui sont l’un des monumens les plus vastes que l’on connaisse de la patience et de l’industrie humaines. Ses sinus, tant naturels que logarithmiques à 14 décimales ; ses logarithmes de 30,000 nombres, auraient eu la préférence sur tout ce qui a été imaginé en ce genre, si une division du degré en 100 parties, au lieu de 60 ou 360, n’eût empêché les calculateurs de leur accorder cette préférence. Un centième de degré vaut 36” : on a donc réellement dans ce recueil beaucoup moins de sinus et de tangentes que dans ceux de Rhéticus ou de Vlacq ; mais si ces tables ont moins servi aux usages ordinaires, elles offrent au moins les vérifications les plus précieuses pour toutes les autres tables publiées avec lesquelles elles se rencontrent au moins de 3 en 3 minutes, et les moyens les plus sûrs pour étendre, par une interpolation facile, ces nombres de 14 décimales, ou aux millièmes de degré, ce qui suffirait à tous les besoins de l’Astronomie, ou à toute autre division du quart de cercle, comme la division centésimale, qui n’a pu encore s’établir généralement, même en France, par les embarras inséparables de tout changement dans des méthodes devenues très usuelles. Briggs a eu le mérite d’entrevoir au moins la loi qu’observent les différences de tous les degrés des sinus ; il a eu celui de trouver des méthodes d’interpolation dont il a tiré grand parti, mais dont il a soigneusement caché l’origine. M. Le Gendre s’est assuré de l’exactitude de ses méthodes ; il les a démontrées par des moyens certainement inconnus à l’auteur ; il a regretté que Briggs n’eût pas indiqué les fondemens de