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KÉPLER. Co3

vement qu’il assigne aux pôles de l’équateur et de réclipliqne. Ailleurs il a parlé avec éloge de la simplicité avec laquelle Copernic a su expliquer la précession; mais il n’a pas osé hazarder la moindre conjecture sur la cause d’un phénomène si remarquable. Ce qui a pu l’arrêter et lui faire perdre tout espoir, c’est peut-être la lenteur et surtout la continuité de ce mouvement qui, avec le tems, sera d’un cercle entier. Ses pôles amis et ennemis, ses fibres longitudinales selon lesquelles s’exerce la force magnétique du Soleil, ne lui étaient ici d’aucun secours; il est vrai qu’il avait aussi conçu des fibres circulaires qui produisaient le mouvement des planètes en longitude; mais ce mouvement est direct, celui du pôle et des points équinoxiaux est rétrograde; la même cause ne peut produire deux effets contraires. Il fallait donc une autre explication qui n’était pas aisée à trouver. Aujourd’hui même que nous connaissons la cause véritable , nous voyons qu’il était impossible à Kepler de la soupçonner, puisqu’il ignorait que la Terre est un sphéroïde; il est assez difficile d’imaginer ce qu’il aurait pu mettre à la place, aussi se voit- il réduit a donner à la Terre une espèce d’âme ou d’instinct, nunc mente utatur insuper, mais il ne s’explique qu’avec réserve. Il est possible. Polest esse Ma facilitas animalis... talem etiam concessimus motui apsidam, talem motui latitudinis administrando. Page gn , et plus haut p. 598. Nous ignorons encore les véritables quantités 3 ce n’est donc pas le tems d’exposer la cause finale. Il se borne donc , bien malgré lui sans doute, à imaginer des hypothèses purement arbitraires, mais qui lui paraissent nécessaires pour calculer les phénomènes. Nous voyons cependant qu’il est toujours le même-; sa tête travaille; ne pouvant rendre raison ni de la précession, ni de la variation d’obliquité, il cherche cependant à lier ces deux effets, à établir entre eux un rapport numérique ; en adoptant les idées de Copernic , il donne aux oscillations du pôle de l’écliplique une amplitude beaucoup plus considérable, une période beaucoup plus longue. Au lieu de 24’, il porte l’amplitude à 3° 45’ 20"; au lieu de 17 ou 1800 ans, l’intervalle entre les deux limites est de 36ooo ans; il en conclut que cette période est à celle de la précession, comme 4 est à 5 assez exactement, ce qui supposerait ou que celle de la précession est de 27000 ans, ou que le nombre 36ooo n’est qu’approximatif, et en effet nous ne voyons pas bien clairement sur quoi il est fondé. Képler est toujours inépuisable en conjectures et en hypothèses ; mais il n’eut ni le tems ni les moyens de soumettre cette dernière au calcul ; cette nécessité de donner une âme à la Terre, ou de recourir