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Page:Delambre - Rapport historique sur les progrès des sciences mathématiques, 1810.djvu/130

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SCIENCES MATHÉMATIQUES.

pratique à mesure qu’on obtiendra les données nécessaires qui dépendent uniquement de l’observation. Nous verrons, dans ce qui va suivre, bien d’autres exemples de services pareils rendus par l’analyse à l’astronomie.

La théorie de la Lune offroit de plus grandes difficultés ; elles ont été presque entièrement levées de la manière la plus satisfaisante. Newton n’avoit pu que montrer la route. Le principe de la pesanteur doit expliquer jusqu’aux moindres circonstances des mouvemens de la Lune autour de la Terre, qui est elle-même entraînée à se mouvoir autour du Soleil ; mais le développement de la série, ou plutôt des innombrables séries qui résolvent le problème des trois corps, passe toutes les forces de la patience humaine. Nous avons déjà, vu que les plus grands géomètres avoient échoué d’abord complètement en ce qui regarde le mouvement de l’apogée ; mais ils s’étoient relevés avec gloire, et Clairaut le premier avoit reconnu la cause de l’erreur commune. Ce n’étoit rien encore auprès des nombreuses inégalités qui restoient à développer ; Euler, Clairaut et d’Alembert en firent l’objet d’immenses travaux : les deux premiers réussirent à-peu-près également ; le troisième fut moins heureux dans les calculs numériques ; il ne fit pas, comme ses émules, un aussi bon emploi des observations. Ceux-ci, prenant dans leur analyse la forme des équations et l’argument dont elles dépendent, cherchoient dans les observations la valeur des coefficiens qui n’auroient pu s’exprimer théoriquement que par des fonctions trop compliquées pour être jamais assez sûres et assez complètes. Malgré ces emprunts, ils furent encore surpassés par l’astronome Mayer, qui, plus familiarisé avec les calculs