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Page:Delambre - Rapport historique sur les progrès des sciences mathématiques, 1810.djvu/138

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SCIENCES MATHÉMATIQUES.

accéléroient le Iriouvement de Jupiter et retardoient celui de Saturne. Vainement l’Académie des sciences avoît deux fois proposé cette théorie pour le sujet de ses prix. Deux géomètres du premier ordre avoient successivement obtenu les prix pour les belles formules analytiques qu’on admire dans leurs mémoires ; mais ta question étoit intacte et même désespérée. Lambert avoit essayé de déterminer empiriquement ces inégalités ; et en comparant aux Tables de Halley toutes les oppositions de Jupiter et de Saturne qu’on avoit observées depuis cent cinquante ans, il les avoit représentées à 4′, et avoit diminué sensiblement les erreurs, qui montoient auparavant à 22′ pour Saturne, et à 8′ pour Jupiter. C’étoit un véritable service rendu aux astronomes ; et c’est ainsi que pendant plusieurs siècles on avoit tenu compte des principales inégalités de la Lune, sans en pouvoir découvrir la cause : mais rien n’assuroit que cet accord, tout imparfait qu’il étoit déjà, dût se soutenir long-temps. M. Laplace, qui avoit donné les moyens de considérer isolément les termes de la série des perturbations, et de calculer ceux auxquels l’intégration pouvoit donner des diviseurs assez petits pour les rendre très-sensibles, aperçut dans les mouvemens de Saturne et de Jupiter un rapport qui donnoit un de ces petits diviseurs. En effet, l’argument qui se forme de cinq fois la longitude de Saturne, moins deux fois celle de Jupiter, n’a qu’un mouvement très-lent ; il en résulte pour ces deux planètes une équatîon à longue période et de signe contraire, qui, se confondant avec le mouvement moyen, paroît accélérer l’une des deux planètes et retarder l’autre. Par un hasard singulier, cette équation se trouvoit nulle à la renaissance