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Page:Delambre - Rapport historique sur les progrès des sciences mathématiques, 1810.djvu/174

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SCIENCES MATHÉMATIQUES.

voir sur la libration, qui intéresserait plus particulièrement les astronomes et les géomètres.

Dans un autre ouvrage de même genre qu’il nous a donné sur Vénus, M. Schroeter ne trouvoit pas une si grande variété d’objets à décrire ; mais il avoit à décider une question singulière. Vénus tourne-t-elle sur son axe en vingt-trois heures, comme l’avoit jugé Cassini, ou bien en vingt-quatre jours huit heures, ainsi que l’avoit depuis prétendu Bianchini ? Cette planète si brillante n’offre aucune tache assez sensible pour être sûrement distinguée : les observations qu’on en peut faire ne sont jamais d’une assez longue durée, puisqu’on ne peut guère les commencer qu’en l’absence du Soleil, et que Vénus n’est jamais que peu d’heures sur l’horizon avant ou après le lever ou le coucher du Soleil. Cependant, à force de constance, et après quatorze ans de recherches, M. Schroeter est parvenu à distinguer une petite tache, qu’il vit en une heure s’avancer environ d’un huitième du diamètre de Vénus, et qui le lendemain, mais vingt-sept minutes plutôt, avoit repris sa première position : d’où il conclut la révolution à vingt-trois heures et demie, à-peu-près comme Cassini. Enfin, en décembre 1789, il remarqua que la corne australe de Vénus n’étoit plus telle qu’il l’observoit depuis dix ans, mais plus obtuse et comme arrondie ; et plus loin, sur le bord austral, il distinguoit un petit point lumineux et isolé. Ces apparences indiquoient une montagne qui couvrait de son ombre la pointe de la corne, et, dans cet espace obscur, un point plus élevé qui voyoit le Soleil : l’élévation de ce point, d’après le calcul, devoit être de seize mille toises. Ces apparences, qui changent sensiblement dans l’espace