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Page:Delambre - Rapport historique sur les progrès des sciences mathématiques, 1810.djvu/192

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SCIENCES MATHÉMATIQUES.

de l’Afrique a commencé à faire quelques progrès ; auparavant, sa marche avoir été, pour ainsi dire, rétrograde. Tandis que les cartes des autres parties du monde s’enrichissoient chaque jour de nouvelles connoissances, les cartes d’Afrique perdoient de celles qu’elles avoient admises précédemment, et les déserts s’y multiplioîent de plus en plus. La carte de d’Anville, qui a fait justice de tous les détails vagues et incertains, nous donne l’état, exact de cette partie de la géographie, et l’on y voit que l’intérieur de cette vaste contrée est encore inconnu. Il seroit long et peut-être difficile d’indiquer les causes d’une ignorance aussi étrange, à l’égard d’un pays si proche de l’Europe : ces causes doivent céder aujourd’hui aux efforts de l’enthousiasme pour les découvertes, au courage qu’inspire le succès de tant de voyages entrepris dans ces derniers temps, où l’on a su braver tous les dangers et vaincre tous les obstacles.

Au défaut de connoissances modernes sur l’intérieur de l’Afrique, d’Anville avoit eu recours à celles des anciens, dont il avoit fait une étude particulière ; et c’est d’après la Géographie de Ptolémée qu’il avoit tracé le cours des fleuves Gir et Nigir. En 1787, un mémoire sur la Géographie de Ptolémée, lu à l’Académie des sciences par M. Buache, et publié dans le recueil de ses Mémoires, fit naître des doutes sur l’application que d’Anville avoit faite de ces deux fleuves. Suivant l’opinion de ce savant géographe, le Gir de Ptolémée est une branche du Nil, qu’il place à l’ouest de la Nubie ; et le Nigir est le grand fleuve qui arrose la Nigritîe, et duquel il suppose que le pays a pris ce nom. Suivant M. Buache, le Gir est

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