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Page:Delambre - Rapport historique sur les progrès des sciences mathématiques, 1810.djvu/194

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SCIENCES MATHÉMATIQUES.

surpassoit en richesses et en grandeur tous les autres pays. Son existence avoit été confirmée aussi par des lettres reçues des consuls Angiois résidant à Tunis et à Maroc, qui mandoient que les eunuques du sérail de ces deux villes étoient amenés de Houssa : on la disoit même aussi peuplée que Londres. Le major Houghton pénétra jusqu’à la ville de Jarra, située au nord du pays de Bambouk, près des confins du désert. S’étant joint là à des Maures pour continuer sa route, il fut dépouillé par eux, après deux jours de marche, de tout ce qu’il possédoit, abandonné sans ressource, et il succomba sous le poids de la misère. Des renseignemens précieux qu’il avoit transmis de Bambouk, confirmèrent l’existence de la ville de Houssa : ils apprirent qu’elle étoit située à peu de journées au-dessous de Tombouctou, et sur la même rivière ; que cette rivière (qu’on suppose être la même que le Niger) se nommoit Joliba ; qu’elle prenoit sa source dans le pays des Mandingues, situé à l’est de celui de Bambouk ; qu’elle couloit du sud au nord jusqu’à la ville de Jeenie, et que de là elle se dirigeoit à l’est vers Tombouctou.

Ces renseignemens, contraires à l’opinion que l’on avoit sur le cours du Niger, augmentèrent encore la curiosité ; et, malgré les dangers d’un tel voyage, Mungo-Park se présenta à la société pour continuer ces recherches. Il partit le 2 décembre 1793 et prit la même route que le major Houghton, qu’il suivit jusqu’à Jarra. Il y fut fait captif par les Maures, et courut les plus grands dangers : mais il trouva moyen de s’échapper ; et, dirigeant sa route à l’est, il parvint, après une marche de vingt jours, à la ville de Sego, où il eut la satisfaction de voir l’objet de