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Page:Delambre - Rapport historique sur les progrès des sciences mathématiques, 1810.djvu/195

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GÉOGRAPHIE ET VOYAGES.

ses vœux, la Joliba ou le Niger, qui couie de cette ville vers Tombut. Il se proposoit de descendre ce fleuve, et de visiter Tombouctou et Houssa ; mais il fut obligé de renoncer à son projet, ayant appris que toutes les villes au-dessous de Jeenie étoient sous l’influence des Maures, et que celle de Tombouctou dépendoit entièrement de ce peuple, dont il venoit d’éprouver la férocité. La ville de Silla, située sur la Joliba, entre Sego et Jeenie, fut donc le terme de son voyage ; il fit son retour en remontant la Joliba jusqu’à la ville de Bammakou, où elle devient navigable, et de là à travers le pays des Mandingues et par le sud du Bambouk.

Ce voyage de Mungo-Park nous éclaire sur la partie supérieure du cours du Sénégal, qui étoit absolument inconnue, et nous fait entrevoir l’importance de ce fleuve pour la France, qui possède son embouchure. II confirme les renseîgnemens donnés par le major Houghton sur la direction du cours de la Joliba, opposée à celle du Sénégal, et de l’ouest à l’est. Les édifices que Mungo-Park vit sur sa route, les bateaux répandus en grand nombre sur la rivière, une population considérable, et l’état du pays cultivé aux environs, annoncent une civilisation et une magnificence que l’on s’attendoit peu à trouver dans l’intérieur de l’Afrique, et qui doivent faire redoubler d’efforts pour sa découverte. Les renseignemens que Mungo-Park a recueillis, nous apprennent qu’au-dessous de Silla, d’où il fit son retour, et à deux journées de distance sur la Joliba, se trouve la ville de Jenné ; qu’à deux journées plus loin, cette rivière se jette dans un lac considérable, nommé Dibbie ou le Lac noir ; qu’elle sort de ce lac par différens