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Page:Delambre - Rapport historique sur les progrès des sciences mathématiques, 1810.djvu/282

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SCIENCES MATHÉMATIQUES.

ne peuvent être faits à la machine, une précision, une délicatesse d’exécution qu’il est difficile d’atteindre, et où rien ne doit être négligé.

Mais le temps et les soins extrêmes qu’exigent ces branches si utiles et si minutieuses de l’art, font que les horlogers du premier ordre, quoique payés en apparence fort cher, gagnent moins que ceux dont le talent et les travaux sont de beaucoup inférieurs.

Ils ne soutiennent donc leurs efforts, efforts dont on n’est pas capable à tout âge, car la finesse de la vue et la fermeté de la main s’altèrent en vieillissant ; ils ne les soutiennent, même dans le temps de leur vigueur, que par l’amour d’une gloire dont très-peu de personnes sont juges, et qui exclut, pour ainsi dire, l’aisance, dont leur éducation et leurs relations doivent leur donner le besoin.

Il faut à ces artistes très-distingués une persévérance d’autant plus grande, qu’il n’y a pas même pour eux une masse de travail qui suffise à l’emploi de leur temps.

Ceux qui résistent, se consument de chagrin ; ils rendent un véritable service à la société, et ils en sont victimes.

Il n’y auroit à cela qu’un remède ; il seroit peu coûteux et très-avantageux au public.

Ce remède efficace seroit que le Gouvernement ne donnât jamais le commandement d’un navire de l’État, ni le grade de capitaine de vaisseau, sans donner aussi aux officiers qui en seroient revêtus, un bon chronomètre, une excellente montre marine. C’est un instrument de leur métier, qui peut faire le salut de leur bâtiment et de leur équipage, assurer les vues politiques et militaires du Chef de l’État. Cette dépense de plus ne seroit qu’une bagatelle