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Page:Delambre - Rapport historique sur les progrès des sciences mathématiques, 1810.djvu/46

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DISCOURS

îl est juste aussi de dire qu’ils ont adopté maintenant un système tout opposé : le dépôt hydrographique de Madrid, à l’instar de celui de France, a pubiié franchement des cartes et des ouvrages qui lui font le plus grand honneur.

M. Buache a préparé pour nos navigateurs tous fes renseignemens qui peuvent diriger leur marche ; il a rassemblé dans le dépôt de la marine toutes les connoissances qui pouvoient leur être utiles ; il a discuté tout ce qu’une érudition vaste lui a fait découvrir d’essentiel dans les géographes anciens, dont il croit que l’intérieur de l’Afrique et même la Nouvelle-Hollande avoient été passablement connus. Muni de ces instructions, le capitaine Baudin alla reconnoître les côtes de la Nouvelle-Hollande dans une expédition recommandable sur-tout par les services qu’elle a rendus à l’histoire naturelle. Enfin, pour terminer cette notice par un voyage qui renferme tous les genres de mérite, M. de Humboldt a fait à ses frais une entreprise qui honoreroit un gouvernement : seul, avec son ami Bonpland, il s’est enfoncé dans les déserts de l’Amérique ; il en a rapporté six mille planter avec leurs descriptions, les positions de plus de deux cents points déterminés astronomiquement ; il est monté à la cime du Chimboraço, dont il a mesuré la hauteur ; il a créé la géographie des plantes, assigné la limite de la végétation et des neiges éternelles, observé les phénomènes de l’aimant et des poissons électriques, et rapporté aux amateurs de l’antiquité des connoissances précieuses sur les Mexicains, leur langue, leur histoire et leurs monumens.