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Comme tout le monde

— Vous désirez, madame ?… a demandé l’une des gouvernantes.

Isabelle rougit très fort et murmure la phrase consacrée que l’on prononce au seuil des gens :

— Madame est visible ?…

— Je crois que madame la marquise est sortie… dit la gouvernante. Mais si vous voulez sonner…

Isabelle a gravi le perron, malgré son envie de fuir ces lieux où tout la déconcerte, lui semble presque hostile. Sa main tremble sur le bouton électrique.

Un valet lui ouvre, comme s’il eût été de toute éternité derrière la porte. À voix plus basse encore, elle renouvelle sa petite phrase.

Et comme le valet, impassible, va répondre, une autre porte s’ouvre, et c’est le marquis de Taranne Flossigny qui parait, en jambières de cheval. Il cligne un instant ses yeux gris, aussi gris que ses cheveux, devine sans doute la femme de Léon Chardier, et, soudain empressé, s’approche.

— Mais entrez donc, chère madame, dit-il.

Sa voix distinguée nasille un peu. Et, tandis qu’il s’efface pour laisser passer Isabelle éperdue :

— Madame de Taranne n’est pas à la maison, dit-il, mais je pense qu’elle ne va pas tarder à rentrer. Si vous voulez l’attendre…

Et voici qu’Isabelle se trouve au milieu d’une