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Page:Delarue-Madrus - Comme tout le monde.djvu/102

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Comme tout le monde

Puis, sans doute pour mettre à son aise la petite femme qu’il prend en pitié, il lui tend une coupe pleine de cigarettes à bouts dorés.

— Vous fumez ?…

— Oh ! non !… se récrie Isabelle avec un mouvement en arrière.

Le sang, de nouveau, afflue à ses joues. Elle a levé ses paupières qu’elle rabaisse aussitôt, comme médusée par le visage du marquis. Lui, souriant, la considère une seconde, puis, d’un ton presque paternel, commence à parler de Léon, de l’estime où le tient la marquise douairière, du mouvement des affaires. Sans attendre que la jeune femme s’embarrasse d’une réponse, il parle du Nouvel An, du temps qu’il fait, de leur dernier voyage en Hongrie ; et tout cela semble s’enchaîner si naturellement que le cœur d’Isabelle, peu à peu, se remet en place. Sa gorge se desserre, son souffle se régularise.

Le marquis vient d’allumer une cigarette. Il offre un bonbon. Et comme Isabelle prend enfin sur elle de lever la tête et de regarder autour d’elle, il fait pivoter son rocking-chair, et, montrant l’aquarium :

— Ce sont d’assez curieux poissons, dit-il. Ils sont chinois. On les appelle des télescopes. Voulez-vous les voir de près ?

Les voici tous deux contre les parois de verre,