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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/141

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l’hermine passant

Je l’ai fait entrer, asseoir, mais je ne pouvais pas lui parler.

Au bout d’un instant elle a prononcé, sans me regarder comme à l’ordinaire, car c’était le plancher qu’elle regardait :

— Un étage à monter, ça ne me fait pas une promenade, moi qui suis habituée au grand air. C’est dommage que nous habitions l’une au-dessus de l’autre. Si votre appartement était dans un autre quartier je viendrais à pied, et ça me ferait du bien.

On l’entend rarement en dire si long. Faut-il que cet enhardissement ne lui vienne que de sa perfidie ? Car elle est perfide, horreur ! Perfide, et le reste. Elle ressemble à sa famille. Et cela signifie qu’elle regrette tout ce qu’elle m’a révélé dans sa crise et qu’il faut, maintenant, que je disparaisse de sa vue. Cela signifie qu’il va me falloir déménager, cela signifie qu’Édouard est perdu pour moi, cela signifie que j’ai réchauffé sur mon cœur un serpent.

Qu’est-ce que je vais devenir ? Qu’est-ce que je vais faire ?

… Ou, plutôt, qu’est-ce que j’ai fait ?