Aller au contenu

Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
l’hermine passant

le destinaient peut-être à n’être qu’un aristocrate, de ceux qu’envie et copie la roture élégante de Paris, théâtre de fantômes qui paradent aux yeux extasiés des snobs. Être marquis, posséder une écurie de courses, s’habiller à Londres, avoir un certain tour d’esprit — et de l’esprit — et rien de plus ? Non ! Il n’a pas voulu de ce jeu-là.

Parallèlement à la devise à nous léguée par le passé, mon frère s’en est trouvé une autre qu’il répète volontiers : « Il faut être de son époque. » Alors il a mis sa fortune dans une affaire de fournitures d’auto, de sorte que le moindre bouchon de radiateur vendu par la maison qu’il administre l’intéresse autrement que toutes les armoiries du monde. De même il a décidé de préférer le football au polo, la boxe au concours hippique et, jusque dans son langage, garde, primant tout, le souci d’être éminemment moderne. Comme je lui dis souvent : « Une tour du xxiiie achevée en béton armé. »

Quant à moi, l’amant que j’ai eu dans ma jeunesse était littérateur. C’est encore du commerce, mais entaché de romantisme, et de très mauvais rendement. Faut-il avouer