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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/16

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l’hermine passant

que la moitié de ma dot y a passé ? Je l’aimais…

Maintenant que j’entre dans ma troisième jeunesse, tout est fini. Dès la deuxième il s’esquivait déjà. Je me suis mise dans quelques œuvres bien pensantes, vieux reste d’esprit de caste, car nous avons eu des abbesses dans la famille et comptons encore actuellement plusieurs parentes en religion, ou du tiers-ordre.

Je n’irai pas jusque-là, car, outre mon ancien péché mortel (cher Gaston !) je suis née frivole, et j’ai la faiblesse d’aimer le monde, ou plutôt ce qui en reste à une époque comme la nôtre, On y connaît fort bien la longue liaison que j’ai eue dans ma vie, mais mon écu n’en reste pas moins en losange comme celui des pucelles, de sorte que l’honneur est sauf.

Par ailleurs, je crois racheter mes fautes, ou plutôt ma faute, non pas par l’ouvroir dont je suis la fondatrice et autres œuvres pies, mais par toute la sollicitude (je ne craindrai pas de dire tout le dévouement) dont j’entoure Édouard, ce petit frère devenu mon enfant depuis la mort de nos