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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/18

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l’hermine passant

Heureusement encore qu’il a le goût difficile, nonobstant les airs qu’il se donne et l’indifférence qu’il s’efforce d’avoir pour les choses de l’art.

Je rêvais vaguement ainsi tout en me cramponnant, quand la voiture sortit enfin de l’ombre et des ornières où nous étions engagés depuis près d’une demi-heure. Débouchant tout à coup sur un carrefour sans arbres, nous étions rendus à la lumière, et les roues ne patinaient plus.

Avec ce coup d’œil d’oiseau de proie qu’ils acquièrent à force de conduire, Édouard repéra tout de suite ce que je ne voyais pas encore.

— C’est certainement là !

Je suis un peu myope, par-dessus le marché.

— Là ?… Où donc ?

— T’occupe pas. J’y suis, maintenant !

Un bond du cabriolet fit retomber mon face-à-main que j’allais braquer. Nous étions déjà dans l’allée que je n’avais pas distinguée et qui coupait en deux une de ces