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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/20

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l’hermine passant

Je vous attendais comme convenu dans votre réponse.

À son coup d’œil soupçonneux, Édouard se dépêche :

— Mademoiselle est ma sœur.

— Je vous salue, mademoiselle. Eh bien ! Eh bien ! Je suis Victorine Tuache, et…

Pendant ce colloque : assourdi par les chiens, j’examinais discrètement la surprenante personne, si tant est que la discrétion s’accommode d’un face-à-main.

La robe étroite et noire qui flottait sur son long corps ressemblait (d’où notre erreur) à une soutane. Émaciée et jaune, elle avait ceci de bien remarquable que quatre dents de devant lui manquaient en haut et quatre en bas sans que ces deux vides se fissent vis-à-vis, de sorte que la rangée se trouvait complète, mais en fermeture-éclair. Une figure ratatinée nous souriait avec cela, le regard disparu derrière l’éclat des lunettes. Et cependant, sur cette physionomie inquiétante et ridicule, on décelait beaucoup de distinction ; et le front où les cheveux gris se faisaient rares, véritable calvitie masculine rendue plus gênante à voir à cause d’un