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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/50

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l’hermine passant

Elle est tellement impressionnante que mon grand gosse d’Édouard, si sensible sous ses dehors ultra-modernes, ne pouvait, comme moi, s’empêcher de la regarder tout le temps. Il en oubliait de parler, presque de manger. Ça le changeait, bien sûr, de ses poulettes de Paris !

Cette petite, si pure, si sévère, elle commande l’émotion, et l’on ne sait quel respect, aussi, qui n’est plus de notre temps.

Les autres s’apercevaient-ils du magnétisme qu’elle exerçait sur nous deux ? Elle-même le sentait-elle ?

Comment le savoir ? On ne comprendra jamais rien à tous ces gens-là.

Nous arrivions, chargés de notre ravitaillement et de notre esprit de rigolade. Sans leur laisser le temps de se retourner, nous fonçons dans le vestibule et commençons par nous y cogner dans Victorine Tuache, tout de même accourue grâce au tapage des chiens. Et me voilà surgie avec mon frère devant la tablée en désarroi, très gaie, très désinvolte, récitant le petit laïus préparé d’avance.

— Excusez-nous, chers cousins, mais