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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/51

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l’hermine passant

nous n’avons pas pu faire autrement. Nous nous invitons à déjeuner chez vous sans façon, à la parisienne. Non ! Ne vous levez pas de table, je vous en prie !

Naturellement, ils étaient déjà, tous debout ; Mme de Bocquensé cramoisie, son mari prêt au combat, les deux petites reculées pour fuir et le domestique qui servait, resté sur place, montrant une bouche ouverte en carré, des yeux hors de la tête. Mlle Tuache, seule, conservait son sang-froid. Sans trop comprendre encore ce que signifiait ce coup de théâtre, elle se hâtait, très dégagée, de faire les présentations, non sans multiplier les petites courbettes de la veille. Édouard saluait, correct, un peu éberlué, je pense, par mon toupet infernal.

Je lui prends des mains et dépose à mesure, sur la table, mes homards, mon poulet, mon pâté, mes gâteaux, denrées sorties à moitié de leurs papiers, puis les quelques bouteilles de rouge et de blanc.

— Nous nous invitons, mais en surprise-partie (un mot qu’ils ignorent !) Nous allons rompre le pain et le sel, puis nous parlerons de nos affaires, si vous le voulez bien.