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Page:Delarue-Mardrus - La mère et le fils,1925.djvu/155

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CHAPITRE XVI

Paris, mardi.
Ma chère Marguerite,

Nous sommes à Paris depuis une quinzaine. Excusez-moi d’avoir tant tardé à vous répondre. Il a fallu m’occuper de mes deux fils avant leur rentrée au lycée ; vous vous doutez de tout ce qu’il faut à des garçons qui grandissent. C’est la dernière année de François, car je suis bien sûre qu’il sera reçu à son baccalauréat du premier coup. Marcel est intelligent aussi, mon mari dit même qu’il sera supérieur à son frère. Mais ce n’est pas d’eux que je veux vous parler. Je sais que vous n’adorez pas cette paire. Vous lui reprocherez toujours de n’être pas la petite Irène.

Ce que je veux vous apprendre, c’est une grande nouvelle. J’ai fait la connaissance d’Alexandre Obronine !

Que n’êtes-vous à Paris pour vous réjouir et vous enorgueillir avec moi ! Car ce n’est pas tout ! Le merveilleux génie, fantasque comme tous les Russes le sont, paraît-il, a déclaré qu’il tenait à m’entendre au piano, parce qu’il sentait qu’il n’aurait jamais de meilleur accompagnateur que moi.

Cela s’est passé au dîner de la comtesse de Massave. J’y allais en rechignant, moi qui suis si peu mondaine. Jugez de ma surprise, de mon éblouissement quand on m’a présenté le