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rédalga

Il allait, entraîné par son émotion, lui essuyer la bouche d’un baiser. Léontine parut.

— C’est un monsieur qu’amène des colis qu’on attend, qu’y dit ! Il est le mouleur, qu’y dit !

— Samadel !

Harlingues était déjà sur le seuil de la porte d’en bas, suivi plus lentement par Léontine essoufflée.

Samadel a pensé qu’il apporterait lui-même jusqu’à Bellevue, dans son fourgon automobile, la terre que Jude l’avait chargé d’envoyer. Il est curieux de voir l’atelier improvisé dans le garage, et veut aussi parler du moulage de la fontaine, puis du bloc de marbre choisi par le sculpteur avant son départ.

— Avec cette pluie, dit-il, mon fourgon esquintera l’entrée. Il vaut mieux une brouette, si vous n’avez pas ici de voiture à bras. En trois ou quatre voyages, la terre sera charriée.

— Pauvre vieux ! Par ce temps ! Tu vas prendre quelque chose !

— Non, rien ! Je me suis arrêté au café avec mon aide juste avant de monter la côte.

Peu après, Rédalga, descendue, fait son apparition.

— Vous vous êtes déjà vus à Paris, n’est-ce pas ?… demande Harlingues.

Samadel, en apercevant l’Anglaise, comprend seulement pour quelle raison son ami s’est installé tout à coup à Bellevue, dans la maison du comte de Vasconcellos. Toujours affable pour ceux qui sentent le peuple, Rédalga lui tend la main. Puis, sous la pluie, les voici tous trois allant et venant de la grille au garage. Gilbert a prêté sa brouette. Ce transport de glaise prend les allures d’un considérable événement. Il faut peu de chose pour amuser des gens qui s’ennuient en vacances, désœuvrés par le mauvais temps,