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rédalga

buste de la maman. Il admira la gracieuse fontaine commencée, nouveauté dans l’œuvre d’Harlingues, d’ordinaire dirigée plutôt vers la puissance.

Ensuite tous deux se souvinrent ensemble de quelques faits amusants ou singuliers de leur collaboration déjà vieille. Ils fumèrent une cigarette, se séparèrent, et ce fut, pour Harlingues, l’heure d’aller prendre son repas.

Il revenait à peine, et sa blouse n’était même pas boutonnée qu’Alvaro fut là.

— Cher, tu m’as dit dans ton mot de passer aujourd’hui. Je…

« Ah ; … »

Harlingues croisa les mains pour le regarder.

Alvaro fut muet un bon moment.

— Écoute, s’écria-t-il enfin, il faut que tu me laisses t’embrasser !

Il le fit en riant de joie.

— Ce sera certainement une de tes plus charmantes œuvres, mon grand Jude ! Quelle trouvaille que ce mouvement ! Ça restera, tu sais ?… Ah ! je suis bien fier, moi, de t’avoir parlé de cette fontaine !

Il alla contempler encore, avança, recula, puis ses petits yeux noirs furent pleins de projets.

— En quoi sera-t-elle ?… En bronze ? En marbre ? Il me semble que c’est en marbre.

— Oui, en marbre, certainement.

— Tu as compris où je voulais la mettre, n’est-ce pas ?

— Mais oui. Juste devant la maison, avec le vert de la grande pelouse dans le fond.

— C’est ça !… C’est bien ça !…

Il devint presque enfantin.