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Page:Delarue-Mardrus - Toutoune et son amour.pdf/16

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seule avec la bonne, ou là-haut, chez les petits amis.

C’était la bonne qui m’habillait le matin et me couchait le soir. Je ne voyais maman que par apparitions. Quelquefois c’était dans le jour. Elle avait toujours un chapeau sombre et une longue voilette noire, derrière laquelle étaient ses yeux extraordinaires. Quelquefois, c’était la nuit. Elle devait rentrer du bal. Je me réveillais, et je la voyais penchée sur moi, brillante comme une fée. Mais toujours à côté d’elle il y avait mon père, silhouette sombre dont la présence me gênait. Puis ils disparaissaient tous deux, et j’étais longue à me remettre.

Dans ce voyage pour venir au manoir, il y a encore une sensation qui m’est restée : être assise au buffet, — je me souviens — de Serquigny. C’était sur une chaise bien trop haute pour moi. On avait entassé des coussins. Nous déjeunions tous les trois. Tout près de ma petite figure il y avait un huilier de cristal. Cela brillait et me fascinait. J’étais