Page:Delassus - L'américanisme et la conjuration antichrétienne, 1899.djvu/333

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C’est la question que M. Taine s’était posée dans la Revue des Deux- Mondes[1]. Il avait dit : « Aujourd’hui, après dix-huit siècles, sur les deux continents, depuis l’Oural jusqu’aux Montagnes Rocheuses, dans les moujiks russes et les settlers américains, le christianisme opère comme autrefois dans les artisans de la Galilée, et de la même façon, de façon à substituer à l’amour de soi, l’amour des autres… Il est encore, pour quatre cents millions de créatures humaines, l’organe spirituel, la grande paire d’ailes indispensables pour soulever l’homme au-dessus de lui-même, au-dessus de sa vie rampante et de ses horizons bornés, pour le conduire à travers la patience, la résignation et l’espérance, jusqu’à la sérénité, pour l’emporter, par delà la tempérance, la pureté et la bonté, jusqu’au dévouement et au sacrifice. Toujours et partout, depuis dix-huit cents ans, sitôt que ces ailes défaillent ou qu’on les casse, les mœurs publiques et privées se dégradent. »

La Révolution, depuis un siècle, s’acharne à casser ces ailes, et la société gît dans

  1. Inutile de dire que M. l’abbé de Broglie ne la fait nullement sienne.