Page:Delassus - La conjuration antichrétienne - Tome 2.djvu/32

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Nubius est corrompu comme tout un bagne. Il sourit toujours dans le monde, afin de se donner le droit d’être plus sérieux au sein des associations secrètes qu’il fonde ou qu’il dirige. On voit par ses lettres adressées à des membres influents de l’association occulte, que, grâce à son nom, à sa fortune, à sa figure, à son extrême prudence pour éviter toute question irritante ou politique, il s’est créé dans Rome une position à l’abri de tout soupçon.

De Paris, Buonarotti, Charles Teste, Voyer d’Argenson, Bayard, le général Lafayette, Saint-Simon, Schonen et Merilhou le consultent à la façon de l’oracle de Delphes. Du sein de l’Allemagne, de Munich ainsi que de Dresde, de Berlin comme de Vienne ou de Pétersbourg, on voit les chefs des principales Ventes, Tscharner, Heymann, Jacobi, Chodzko, Lieven, Pestel, Mouravieff, Strauss, Pallavicini, Driesten, Bem, Bathyani, Oppenheim, Klauss et Carolus l’interroger sur la marche à suivre, en présence de tel ou tel événement : et ce jeune homme, dont l’activité est prodigieuse, a réponse à tout, organisant en chaque lieu un complot permanent contre le Saint-Siège. »

Nubius garda le timon de la Vente suprême jusque vers 1844. À ce moment, on lui fit boire l’Aquatoffana. Il tomba aussitôt dans une maladie que les plus célèbres médecins ne purent comprendre ni arrêter. Ce brillant diplomate, ce conspirateur si habile, sentit son intelligence s’obscurcir tout à coup et sa vie s’éteindre dans l’idiotisme. Son agonie dura quatre ans. Il quitta Rome et alla se cacher à Malte, où il mourut en 1848, au moment où le travail des intellectuels de la secte était jugé assez avancé pour que l’ordre de se mettre en mouvement fut donné au parti chargé de l’action.